« Pourquoi ne vous dénomeriez-vous pas « professeur de Yoga » ? Professeur de adhyatma yoga. Vous recevez des personnes en face à face et vous les guidez ainsi ». Arnaud Desjardins, l’Ami spirituel s’adressant à moi, quelques mois avant sa mort. Le processus de désidentification continue sa route.
L’adhyatma yoga est le « yoga vers le soi », ainsi Swami Prajnanpad nommait sa façon de transmettre avec ses disciples dont Arnaud Desjardins.
Il y a quelques années en Janvier 2007, Arnaud Desjardins, que je considère comme mon maître, m’avait aussi écrit: » En ce qui vous concerne, n’établissez pas de démarcation entre psychothérapie et « transmission sur le chemin ». Guidez chacun(e) à son niveau, selon sa demande et sa capacité à recevoir et à voir ».
S’il y a bien des différences de niveaux et d’approche pour ce qui concerne l’âme humaine , il m’est aussi très apparent que le Grandir (au sens noble où l’utilisait Yvan Amar) est à accompagner de façon individualisée, là où en est la personne suivant sa demande qui peut être plus ou moins consciente, fort variée et plus ou moins profonde , mais qui est toujours respectable.
Je réponds donc à chacun selon ses besoins, avec autant de largeur et d’accueil qu’il m’est possible, cet accueil naissant de bien au delà de moi, dirais-je. Car au fond qui mène le jeu ? Le thérapeute ? Le « thérapeutisé » ? L’espace du cabinet ? Le groupe ? La chambre de travail ? Le « plus Grand que nous », quelque soit le nom qu’on lui donne, Dieu, la Conscience, l’intelligence de la Vie…?
Je me considère donc avant tout comme un accompagnateur, un serviteur de la (ou des) personne(s) en face de moi, de leur chemin, et encore plus comme un serviteur de la vérité, tout cela sous le regard très présent, l’égide de celui qui est mon maître et de ceux qui sont et ont été les personnes les plus importantes de ma vie et ne me quittent pas.
J’opère donc pour certains parfois dans un rôle de guide, ou d’ami, ce qui dépasse alors la dimension de la psychothérapie proprement dit. J’assume cette position quand elle s’impose, avec humilité et humour, fermeté parfois, sans me prendre pour qui je ne suis pas, continuant de grandir moi-même (processus sans fin) .
En vérité , ce cheminement et ses subtilités nous dépasse tous et de très loin. Le privilège d’accompagner quelqu’un dans son propre grandir, se gagne par une lente et méthodique maturation, une ascèse . Rien d’autre. Rien n’est gratuit, rien n’arrive par hasard.